Family : Thons et scombridés

Gymnosarda unicolor

Le thon à dents de chien est un pélagique de récif aimant les eaux fraîches et profondes. C’est probablement le poisson culte du chasseur sous-marin Indopacifique de par la difficulté à capturer les beaux specimens, ses qualités gustatives et sa défense exceptionnelle.

On le reconnaît à sa silhouette trapue (adultes), ses gros yeux, la tache blanche à la base de sa queue et surtout ses grandes dents bien visibles quand il entrouvre la bouche.

Il patrouille inlassablement les tombants abrupts et profonds, ou progressifs, avec de la roche et du sable. Il est nettement plus fréquent quand les eaux se refroidissent, c’est-à-dire de mai à décembre avec des variations locales. Le pic de saison est de juillet à octobre. Les juvéniles sont visibles toute l’année. On le rencontre généralement à la tombée du jour, après 16.00, ou tôt le matin jusqu’à 9.00. Plus il fait sombre, plus les chances sont élevées de voir des gros. Dans une eau de plus en plus sombre, le connaisseur repère le thon dent de chien par la tache blanche à la base de sa queue. Il est utile d’observer les mouvements de la mange, comme pour les sérioles. Si tous les petits giclent d’un coup, c’est sans doute qu’il y a un gros dans les parages.

Parfois, en fonction du courant, il peut y avoir des passages en milieu de journée. Il est quasi impératif qu’il y ait un courant soutenu, sauf si on est à l’étale entre deux marées vives. Les juvéniles sont souvent en banc et les gros, solitaires. Des bancs de tailles mixtes sont parfois observés.

Le flasher classique est inefficace, par contre certains spécialistes ont mis au point la technique du baron, un leurre souple immergé avec le chasseur qui permet de fixer et attirer vers le haut les thons qui patrouillent en profondeur.

Le thon à dent de chien est très puissant et il est vivement déconseillé d’en tirer de plus de 15kg au moulinet, surtout si le fond accroche (structure corallienne et/ou courant) et si la profondeur dépasse en gros la moitié de la contenance du moulinet. Le « doggie » fera tout ce qu’il peut pour atteindre les coraux, y emmêler la ligne pour se déchirer, laissant votre équipement bien coincé au fond, hors d’atteinte.

Le montage à privilégier est le breakaway, ou la fixation du fusil à la bouée. La bouée doit être au minimum de 35l avec un bungee de préférence court et raide. Un thon dent de chien de 25kg peut vous couler la bouée de 35l. La pointe détachable est très fortement conseillée, car ce poisson à la défense très violente se déchire aussi facilement. On s’approche plus facilement du gros thon à la coulée. Les petits peuvent être pris de profil voire par en-dessous. C’est un prédateur de récif donc il peut aussi longer les tombants et vous surprendre tout près de la structure. Dans les zones très pêchées, comme Bali, les gros sont méfiants, profonds et distants. Attention à ne pas vous faire entraîner vers des zones profondes et tourbillonnaires. Dans des zones plus vierges ce poisson est moins farouche, et peut même s’avérer facile si les conditions de courant sont favorables et si l’équipement est adapté.

Je n’ai pas mentionné les requins car en Indonésie il n’en reste plus beaucoup. Dans les endroits plus préservés, comme l’Australie ou la Nouvelle Calédonie, les règles du jeu sont différentes et il faut arriver à sécher le thon pour éviter que la meute ne le mette en pièces.

Le thon à dents de chien est un poisson délicieux cru ou cuisiné. Attention cependant à la présence fréquente de parasites dans l’abdomen, à extraire un par un. Pour du sashimi, il est ainsi plus sûr de congeler la chair au préalable. Le thon dent de chien, malgré ses airs de pélagique, est aussi un poisson du récif menacé par la surpêche, surtout par les pêcheurs au jig mais aussi les chasseurs sous-marins. Capturer avec modération.

 

 

Thynnus albacares

Le thon albacore ou plus communément « yellowfin » est un poisson circumtropical saisonnier que l’on rencontre plutôt de mai à décembre. C’est bien entendu un poisson très recherché. En indonésie il cohabite avec le bigeye tuna, avec lequel il est parfois confondu. Il peut dépasser les 150kg, c’est moins que le thon rouge mais plus que le thon dent de chien.

On le reconnait par ses grandes nageoires jaunes et également une bande dorée le long du corps.

Les juvéniles ont des nageoires assez courtes. A l’âge adulte, la dorsale et la pectorale poussent pour atteindre la taille d’une faux, et quand le poisson est encore plus âgé (plus de 100kg), un filament se développe à l’extrémité de ces deux nageoires. Sa longueur est un assez bon indicateur de l’âge/ taille du poisson.

Parfois en petits groupes, souvent en grands bancs très rapides, le thon yellowfin est résolument pélagique et on ne le croisera pas en côte, en tous cas en Indonésie.

Sa défense est explosive et sa capture nécessite (idéalement) pointe détachable et bouée pour des spécimens au-dessus de 15kg.

Les petits nagent très rapidement et nécessitent une arme maniable. Pour les gros il faut une arme puissante et attendre le passage.

Le yellowfin est généralement chassé soit sur DCP, soit en pleine eau à proximité des chasses de poisson fourrage (souvent en association avec des dauphins), soit en pleine eau avec amorçage (technique à Ascension Island). La sardine peut le rendre fou. Au DCP il est aussi intéressant d’amorcer.

Quand on amorce, il faut s’immerger en pointant l’appât qui coule. Le thon va passer à la vitesse de l’éclair et il faut déclencher au bon moment.

Autour des chasses, il faut anticiper le mouvement du banc et s’immerger à mi eau, en attendant un éventuel passage. Avec un peu de chance celui-ci viendra vers vous et il faudra attendre que le poisson soit bien près avant de déclencher.

Sa chair est excellente.

Acanthocybium solandri

Le wahoo est un pélagique circumtropical. En Indonésie, on ne le croise quasiment jamais sur le récif.

Les rares fois où j’en ai croisé, c’était soit dans le bleu en amont d’îlots, soit sur des secs profonds avec un flasher, soit sous DCP ou débris flottant, avec des coryphènes. Etonnamment, il est rare de croiser des individus de plus d’une douzaine de kilos.

On peut le rencontrer toute l’année, à toute heure, y compris en milieu de journée.

Bien qu’il ressemble de loin au spanish mackerel on ne peut les confondre une fois qu’on en a vu de près. Le wahoo est beaucoup plus bleu, plus pélagique.

Le wahoo est LE poisson pour bouée/bungee/pointe détachable en raison de la vitesse du rush et de la fragilité de sa chair. Sans pointe détachable, viser impérativement la colonne dans la zone arrière, plus résistante.

Après un ou deux rushs très puissants, le wahoo faiblit et arrive en surface quasiment mort. Attention alors à sa dentition très tranchante, y compris après, lors des manipulations du poisson mort ; les accidents ne sont pas rares.

Le wahoo est délicieux cru ou cuisiné mais en raison de la modeste taille des specimens rencontrés en Indonésie, je n’en tire pas souvent car à 3-5kg ce n’est pas décent. Sur DCP on m’a rapporté des prises tout à fait honorables. Ceci dit, pour les inconditionnels du wahoo, il vaut mieux changer de destination.

Sarda orientalis

La bonite orientale est un poisson saisonnier que l’on rencontre plutôt de mai à décembre, même si on peut quand même en voir pendant les mois chauds. Elle est très recherchée par les pêcheurs traditionnels locaux.

Parfois en petits groupes, souvent en grands bancs très rapides, la bonite orientale est de ces poissons qui égayent votre sortie.

Similaire à la pélamide, sa défense est explosive et un poisson mal ajusté finira par se déchirer.

Comme pour tous les poissons en bancs, la clé est une arme maniable pour pouvoir pointer un individu précis dans le banc et le tirer quelques centimètres en amont du point d’impact.

Sa chair est très rouge et un peu lourde mais acceptable. Elle comblera votre boatman.

Loading...
X