Gymnosarda unicolor
mai 6, 2019
Le thon à dents de chien est un pélagique de récif aimant les eaux fraîches et profondes. C’est probablement le poisson culte du chasseur sous-marin Indopacifique de par la difficulté à capturer les beaux specimens, ses qualités gustatives et sa défense exceptionnelle.
On le reconnaît à sa silhouette trapue (adultes), ses gros yeux, la tache blanche à la base de sa queue et surtout ses grandes dents bien visibles quand il entrouvre la bouche.
Il patrouille inlassablement les tombants abrupts et profonds, ou progressifs, avec de la roche et du sable. Il est nettement plus fréquent quand les eaux se refroidissent, c’est-à-dire de mai à décembre avec des variations locales. Le pic de saison est de juillet à octobre. Les juvéniles sont visibles toute l’année. On le rencontre généralement à la tombée du jour, après 16.00, ou tôt le matin jusqu’à 9.00. Plus il fait sombre, plus les chances sont élevées de voir des gros. Dans une eau de plus en plus sombre, le connaisseur repère le thon dent de chien par la tache blanche à la base de sa queue. Il est utile d’observer les mouvements de la mange, comme pour les sérioles. Si tous les petits giclent d’un coup, c’est sans doute qu’il y a un gros dans les parages.
Parfois, en fonction du courant, il peut y avoir des passages en milieu de journée. Il est quasi impératif qu’il y ait un courant soutenu, sauf si on est à l’étale entre deux marées vives. Les juvéniles sont souvent en banc et les gros, solitaires. Des bancs de tailles mixtes sont parfois observés.
Le flasher classique est inefficace, par contre certains spécialistes ont mis au point la technique du baron, un leurre souple immergé avec le chasseur qui permet de fixer et attirer vers le haut les thons qui patrouillent en profondeur.
Le thon à dent de chien est très puissant et il est vivement déconseillé d’en tirer de plus de 15kg au moulinet, surtout si le fond accroche (structure corallienne et/ou courant) et si la profondeur dépasse en gros la moitié de la contenance du moulinet. Le « doggie » fera tout ce qu’il peut pour atteindre les coraux, y emmêler la ligne pour se déchirer, laissant votre équipement bien coincé au fond, hors d’atteinte.
Le montage à privilégier est le breakaway, ou la fixation du fusil à la bouée. La bouée doit être au minimum de 35l avec un bungee de préférence court et raide. Un thon dent de chien de 25kg peut vous couler la bouée de 35l. La pointe détachable est très fortement conseillée, car ce poisson à la défense très violente se déchire aussi facilement. On s’approche plus facilement du gros thon à la coulée. Les petits peuvent être pris de profil voire par en-dessous. C’est un prédateur de récif donc il peut aussi longer les tombants et vous surprendre tout près de la structure. Dans les zones très pêchées, comme Bali, les gros sont méfiants, profonds et distants. Attention à ne pas vous faire entraîner vers des zones profondes et tourbillonnaires. Dans des zones plus vierges ce poisson est moins farouche, et peut même s’avérer facile si les conditions de courant sont favorables et si l’équipement est adapté.
Je n’ai pas mentionné les requins car en Indonésie il n’en reste plus beaucoup. Dans les endroits plus préservés, comme l’Australie ou la Nouvelle Calédonie, les règles du jeu sont différentes et il faut arriver à sécher le thon pour éviter que la meute ne le mette en pièces.
Le thon à dents de chien est un poisson délicieux cru ou cuisiné. Attention cependant à la présence fréquente de parasites dans l’abdomen, à extraire un par un. Pour du sashimi, il est ainsi plus sûr de congeler la chair au préalable. Le thon dent de chien, malgré ses airs de pélagique, est aussi un poisson du récif menacé par la surpêche, surtout par les pêcheurs au jig mais aussi les chasseurs sous-marins. Capturer avec modération.